ProZ.com translation contests » Propose a source text » Spanish source text proposed by Louise Gagnon


In order to determine which proposed source texts are the suitable for use in ProZ.com contests, proposers and participants are encouraged to "highlight" (like contest entry tagging) and discuss proposed source texts. A good contest source text should pose a reasonable challenge to translators, while allowing for "separation". Refer to the "Propose a source text" overview page for all source text proposal guidelines.

"La emoción de traducir" (de Santiago Kovadloff)

On ne devrait traduire, selon moi, que des langues qui nous ont habités; je veux dire que les connaître ne suffit pas. L'essentiel, c’est qu’elles ont fait ou font partie de nos vies. Les langues dans lesquelles nous avons vécu, dans lesquelles le temps nous a offert ses joies et ses peines, et dans lesquelles s'exprimer a été d'une importance vitale, sont celles pour lesquelles, s’il y a vocation littéraire, nous sommes le mieux outillés pour affronter la traduction. J’ai existé en portugais, si j'ose dire, et ce, pendant des années qui furent fondamentales pour moi. En ce sens, j'ai cessé de le fréquenter et de le ressentir comme une langue étrangère. Ceux qui savent s'ouvrir aux secrets de la langue qu'ils traduisent, saisissent et communient autant avec le sens de ce qui est dit qu’avec le rythme de l'écriture, ce souffle subtilement préservé qui rend inimitable une version réussie [3]. Ce souffle par contre se perd en empruntant la voie du littéralisme, un choix qui s'avère mortel si l’on cherche à accéder aux accents personnels de la voix de l'écrivain. La meilleure allégeance au texte traduit exige de l'imagination, une aptitude aux détours ou aux chemins de traverse, ainsi que la capacité de dénicher des analogies et des images latentes, pour autant que cela n'affecte ni le propos ni le ton de l'auteur. Et cela, j'en suis certain, s’applique autant à la prose qu’au vers, car la véritable prose n'a rien à envier à la poésie en matière de réussite ou d'exigence. Il est évident que la joie de traduire provient, dans une large mesure, du fait de participer à la diffusion de ceux qui à nos yeux le méritent, favorisant ainsi leur reconnaissance. Mais comment aussi ne pas croire qu'en traduisant on échappe à la malédiction de Babel, l’ordre qui a forcé la dispersion de ceux qui auraient dû se chercher, non pas pour s'assimiler, mais pour dialoguer sur la base de leurs différences ?
  • No positive highlights


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