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Les traducteurs et la révolution informatique

By Anne-Charlotte PERRIGAUD | Published  02/26/2007 | Translation Techniques | Recommendation:RateSecARateSecARateSecARateSecARateSecI
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Quicklink: http://urd.proz.com/doc/1174
L’informatique a indubitablement beaucoup apporté aux traducteurs. En premier lieu, les logiciels de traitement de texte ont avantageusement remplacé la machine à écrire, en permettant l’accélération de la saisie et en facilitant les corrections en cours de frappe sans avoir à dactylographier toute la page à nouveau, ou grâce au fameux « couper-coller ». Moins spectaculaire, mais néanmoins efficaces, les logiciels de Traduction assistée par ordinateur sont devenu un outil couramment utilisé par les traducteurs en plus de leur traitement de texte.

Ces logiciels fonctionnement un peu comme un traitement de texte. Ils traitent les phrases les unes après les autres. Avant le début de la traduction, ou au fur et à mesure de celle-ci, en fonction des préférences paramétrées par le traducteur, le logiciel recherche dans sa base de données les correspondances éventuelles avec des segments déjà traduits. Le traducteur peut choisir quelle mémoire il souhaite utiliser pour ces recherches. Si le système récupère un segment, il peut soit l’introduire directement dans le texte, soit la proposer au traducteur qui décide de l’accepter, de l’accepter en la modifiant, ou de le refuser. Le système de TAO fait des comparaisons entre le texte traduit et d’autres textes sources déjà traités et signale les segments identiques. Le taux de convergence/ressemblance peut être paramétré par le traducteur. On peut par exemple choisir de ne retenir que les segments étant identiques à 75% au moins de la chaîne de caractères afin d’éviter de récupérer des segments présentant trop de différences par rapport au texte traduit.

Il existe également des logiciels de TAO spécialisés traitent des pages contenant du code htlm, asp et d’autres formats pour la localisation de sites web : le principe est le même mais l’interface change. Les lignes de code sont masquées dans des balises et le traducteur peut travailler en ayant devant les yeux le texte uniquement alors que dans un éditeur de texte classique il devrait veiller à ne pas modifier le code et chercher le texte source entre les lignes de code.

Pour l’utilisateur inexpérimenté, la TAO demande d’abord un investissement en temps. Il faut apprendre les règles d’utilisation du logiciel puis se familiariser avec son utilisation « dans » le traitement de texte habituellement utilisé. Il faut remplir la base de données. Celle-ci ne sera en effet utile que si les textes traduits sont répétitifs ou dans le cadre de la mise à jour d’un texte traduit précédemment par exemple. Plus le volume traité augmente, plus la productivité augmente, en partie parce que le traducteur se familiarise avec le produit et en partie parce qu’au fur et à mesure que le traducteur traduit sa base de données s’étoffe et il est plus susceptible de retrouver un segment déjà traduit.

Avec une base de données remplie, la TAO permet donc un gain de temps, une comparaison avec les travaux précédents, le respect de la terminologie du client, l’accélération des recherches de références déjà traduites pour un même client/thème, etc. Le traducteur est également certain de ne pas « oublier » de traduire une ligne, ou un paragraphe car le logiciel ne passe au segment suivant qu’une fois que le premier a été validé. Si le logiciel récupère un segment, la saisie est effectuée automatiquement, le temps de saisie est donc diminué.

Pour obtenir satisfaction il faut disposer de mémoires conséquentes, sinon le système ne peut rien proposer. L’inconvénient majeur au départ est donc qu’il faut forcément commencer pas un gros effort de remplissage du système avec des traductions déjà effectuées, qui serviront ensuite de références pour les traductions suivantes.

Un autre inconvénient, résulte du « saucissonnage » du texte en segments, qui mène parfois à un manque de cohérence car la traduction s’effectue phrase par phrase. La plue value technologie peut également faire perdre de vue la nécessité de la relecture et de la révision des textes produits à l’aide de ce type de système. En effet, il ne faudrait pas lui accorder une confiance aveugle, et reproduire un segment erroné dans tout le texte. La « faille » majeure du système est sans doute le fait qu’il ne reconnaît ni les significations identiques de deux formes différentes ni les significations différentes de deux formes identiques. Le système ne fait qu’utiliser des tables de correspondance existantes, et rien d’autre. Il ne peut donc pas vérifier si le segment a le même sens dans un contexte différent, ni vérifier la cohérence du texte ou encore le style, la justesse de la traduction ou l’orthographe. De plus, si les segments en mémoire sont désastreux, les hypothèses proposées par la machine le seront aussi. C’est là que le travail de relecture/révision intervient. Une fois vérifiés et validés, en revanche, ces segments peuvent se révéler très utiles.

Ce type de logiciel est utile surtout pour les textes répétitifs, par exemple, différentes versions d’un mêmes type de contenu à travers divers textes provenant tous du même donneur d’ouvrage ou des versions successives d’une documentation d’un produit, l’exemple par excellence étant l’aide en ligne d’un logiciel qui évolue avec chaque nouvelle version mise sur le marché. Pour ce type de texte les donneurs d’ouvrages qui peuvent fournir des références de traductions déjà effectuées via la mémoire de traduction associée à chaque projet de traduction, souvent dans le domaine de l’informatique où de gros volumes de texte sont produits.

En résumé, l’intérêt d’un logiciel de TAO dépend du type de texte traduit et des besoins du traducteur. Si les textes sont généralement peu répétitifs, le bénéfice sera sans doute moindre par rapport au temps consacré à la familiarisation avec le logiciel. Le temps de manipulation, plus la gestion des mémoires de traduction par thème/par client, etc. sont des paramètres qu’il convient de ne pas négliger non plus, tout comme l’espace disque nécessaire pour conserver toutes les mémoires produites, et les ressources PC/Mac nécessaires pour utiliser ce type de logiciel.

Des logiciels spécialisés de traitement terminologique/phraséologique peuvent aussi être un bon complément aux logiciels à mémoires de traduction. La PAO permet quant à elle d’offrir de nouveaux services de mise en page, impression, création de documents, création et gestion de sites Internet, etc. Un gain de productivité appréciable (variable en fonction de l’aisance au clavier) peut également être réalisé grâce aux logiciels de reconnaissance vocale qui permettent de dicter la traduction au lieu de les saisir sur le clavier (Dragon Speaking, IBM Via Voice, etc.) : la revanche du dictaphone en quelque sorte.

Il n’existe toutefois aucune de solution miracle dans cette course à la productivité et si le gain de temps apporté par la technologie est peu probable/discutable, alors il semble que la meilleure solution soit encore l’utilisation d’outils avec lesquels le traducteur est familiarisé, dans des domaines spécialisés qu’il connaît bien... les meilleurs gains de temps étant encore ceux issus de l’expérience.


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